Questions livres avec…. Patrick Poivre d’Arvor !

Recevoir un appel de Patrick Poivre d’Arvor alors que vous n’y êtes pas préparé est une expérience en soi, surtout quand vous pensiez que, non décidément, cet interview n’allait pas se faire. La surprise fut totale, mais l’échange fut chaleureux, cordial et doux. Je tiens ici à remercier son assistante (Mme MHM) pour son aide et sa gentillesse dans les échanges que nous avons pu avoir et je salue son désir de protection.

Patrick Poivre d’Arvor est un homme simple, accessible, attentif et presque timide. Tout a été très fluide et naturel, avec cette impression de parler avec un ami. Je regrette que cet échange ne fut pas plus long car au vu de ses réponses j’aurai eu bien d’autres questions à lui poser, mais enfin, Il a bien volontiers accepté de répondre à celles-ci et c’est bien humblement que je vous les livre ici.

1 – A quel moment l’écriture est-elle devenue un besoin (une découverte) pour vous ?

Je pense que c’est lorsque j’ai eu 16 ou 17 ans après mon bac, je me suis retrouvé seul à Strasbourg sans beaucoup d’amis. Ma vie à ce moment était très compliquée et j’ai écrit « Les enfants de l’aube ». Ce roman était une urgence pour moi, car l’histoire était trop forte et il fallait que j’en parle.

2 – Que faites-vous lorsque l’inspiration ne vient pas ?

Absolument rien, car il ne faut surtout rien faire, ne rien forcer, passer à autre chose et attendre que les choses reviennent. J’ai beaucoup écrit et je me sens donc moins dans l’urgence absolue d’écrire, donc tout simplement j’attends.

3 – Comment écrivez-vous ? (à la main, machine, avec un dictaphone électronique ?) avec ou sans musique ?

J’écris à la main, c’est affreux à dire, mais j’écris à la main. Je n’ai jamais utilisé d’ordinateur de ma vie pour écrire. J’écris à la main et je donne ensuite mes pages à mon assistante qui les tape pour moi. Je n’utilise pas non plus de dictaphone, mais ça reste une bonne idée, ça a pu me tenter, mais non. Je n’écoute pas de musique non plus car il s’agit de deux émotions différentes qui peuvent l’une et l’autre s’entrechoquer et donc devenir gênantes. J’écris dans le silence.

4 – Quand écrivez-vous le mieux ? Le matin ? le soir ? la nuit. Avez-vous un petit carnet sur lequel vous prenez des notes dans la journée ?

Pendant longtemps j’écrivais plutôt la nuit, car lorsque je présentais le journal télévisé je n’avais pas trop de temps. J’écrivais à partir de minuit mais maintenant c’est terminé. Je n’ai pas de carnet mais il m’est arrivé de commencer mes livres sur des carnets, je le fais moins.

5 – Une faute d’orthographe récurrente ? une difficulté particulière ?

Tout de suite ça ne me vient pas, non je n’en vois pas, mais ça doit sans doute m’arriver très probablement.

6 – Quel est le livre d’enfance qui aura marqué votre chemin ? qui aura été formateur pour vous ?

Sans hésitation « Le Petit Prince » et j’ai écrit deux livres sur Saint Exupéry. J’ai également bien connu Consuelo, ça introduit une familiarité et de l’admiration.

7 – Selon vous, quel livre pour soigner un chagrin, adoucir une blessure, recommanderiez-vous ?

C’est très variable mais je pense à la poésie. Par exemple, en ce moment, je fais beaucoup de concert-lecture. Je lis des textes et je suis accompagné d’un pianiste (ou d’une violloncelliste ou d’une harpiste). Je dirai la poésie, oui vraiment, car j’adore ça.

8 – Un livre à offrir pour Noël ?

Très franchement c’est variable, mais effectivement c’est un cadeau que je fais souvent. Egoïstement, je peux offrir mes livres mais également des livres pour lesquels j’ai eu un coup de coeur, je les achète alors en double et je les offre.

9 – Vous avez beaucoup de livres chez vous, quel est votre avis sur les liseuses électroniques ? en avez-vous une ?

Non je n’ai pas de liseuse mais je n’ai pas d’avis sur la question. Dans mon entourage, je connais quelqu’un qui vient de perdre sa liseuse dans le train et qui était triste de l’avoir perdu. Je peux comprendre l’aspect pratique de la chose, mais personnellement, non, je n’en utilise pas.

10 – Une biographie inspirante ? un écrivain fétiche ?

Ho il y en a beaucoup !! Par exemple, avec mon frère, nous avons écrit une biographie de Lawrence d’Arabie que j’apprécie beaucoup. Ceci dit, j’aime aussi infiniment Victor Hugo qui reste une référence pour moi.

Je suis heureuse d’apprendre que nous avons le même élan pour Victor Hugo que j’aime beaucoup aussi.

Ha oui j’adore, vraiment !

11 – Un conseil pour un jeune écrivain ?

Ecrire !! Quoiqu’il arrive écrire ! écrire ! écrire ! et surtout ne pas écouter ce que l’on vous raconte, ne pas écouter ceux qui tentent de vous dissuader. Continuez à écrire encore et encore ! Et surtout ne pas écrire avec l’espoir furieux d’être publié, écrire d’abord pour soi. Si c’est le cas, et qu’on est publié, tant mieux, c’est un plus, mais écrire, c’est déjà très important.

12 – Les 5 mots qui vous touchent le plus ? (vous pouvez nous dire pourquoi ou non)

Ceux que j’utilise souvent, notamment le mot « Enfant ». C’est capital pour moi. Finalement on passe sur terre mais on ne laisse que des enfants (et éventuellement des livres), mais c’est quelque chose de très important pour moi. Ensuite tout ceux qu’on a du vous citer plusieurs fois « la tendresse, l’amour, la sincérité » mais je ne vous cache pas que j’ai de sérieux doutes sur la sincérité d’un écrivain… (rire)…un écrivain n’est pas toujours sincère mais ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande, on lui demande surtout d’être talentueux.

14 –  Quel lecteur êtes-vous ? Plutôt du genre à picorer entre deux portes, une page ou deux ? plutôt plaid, thé et fauteuil le temps d’une soirée ?

Je lis moins mais durant une trentaine d’années j’ai fait des émissions littéraires et je recevais beaucoup de livres. Je devais lire énormément et lire vite pour ensuite faire des fiches.

Vous avez une technique de lecture rapide ?

Non pas vraiment mais je lisais très vite, sans doute trop vite car à lire trop vite, on rate parfois des paragraphes entiers qui peuvent s’avérer important pour la compréhension du texte. En revanche, je ne me force pas et je peux arrêter un livre s’il ne me plaît pas. En général, je lui donne une cinquantaine de pages pour me séduire. En revanche, je ne dis pas que le livre est mal ou bien écrit, juste qu’il ne m’a pas vraiment accroché.

15 – Gonzague Saint bris était votre ami, quelle image gardez-vous de lui ?? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur lui ?

J’étais là pour son enterrement chez lui, à côté du Clos Lucet, c’était très triste. Je me souviens qu’il me répétait souvent : « J’appartiens à ce parti d’opposition qui s’appelle la vie » et qui est une phrase de Balzac. Cette phrase lui ressemblait. Lorsque nous étions jeunes, nous avions crée (à son initiative) un mouvement qui s’appelait « les nouveaux romantiques ». De plus, on lui doit cette magnifique fête des écrivains avec « La forêt des livres » qui a lieu tous les ans, fin août dans sa région d’Indre et Loire, qu’il aimait tant. C’était une belle personne.

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Le reste de cette conversation fut personnelle et chaleureux.

Merci à Monsieur Poivre d’Arvor pour sa disponibilité, pour sa gentillesse et l’attention qu’il a bien voulu me porter durant cet échange.

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Cet interview a été réalisée avant « L’affaire PPDA » et ne souhaitant pas me positionner ou même me censurer, je laisse cet échange tel qu’il a été. Pour le reste, la justice fera son travail et moi le mien.

« Ecrire est un acte d’amour. S’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture »

Jean Cocteau