Correspondance

Avez-vous remarqué comme le mot « boîte aux lettres » porte à lui tout seul une étonnante poésie ?

Vous souvenez-vous du goût amer du timbre léché avec le bout de la langue et collé d’un coup de pouce sur une enveloppe ? Porter une lettre à la Poste où la déposer dans une boîte jaune au coin d’une rue était un geste tantôt anodin, tantôt animé d’un incroyable espoir…l’espoir d’une réponse, l’espoir que la lettre atteigne son destinataire, l’espoir que les mots soient entendus et compris…vous souvenez-vous, de l’écriture  tremblante d’une lettre d’amour, ou nerveuse pour une lettre de rupture ? « La boîte aux lettres » on aurait dû dire « la boîte aux mots »… »maux »…

Que restera de cette poésie avec nos « mails » ? Nos messageries électroniques ? A quoi servent aujourd’hui nos « boîtes aux lettres » si ce n’est à diverses administrations ou entreprises ? et encore !! Eventuellement des cartes postales ? Les lettres me manquent, celles que l’on écrivait avec empressement, à la main, sans clavier. Le temps qui s’écoulait entre deux correspondances semblait nécessaire à la réflexion, à l’imagination, au sentiment, (quel qu’il soit), pour s’apaiser ou au contraire s’auto-alimenter…

Imaginez la correspondance de Balzac et de Mme Hanska, Victor Hugo et Juliette Drouet, Albert Camus et Maria Casares, Mme de Sévigné et sa fille…que restera-t-il de nos échanges de “mail” ..? Même imprimés ! Alors que l’écriture nous trahit. Elle est parfois fiévreuse, tremblante, calme, artistique… nos fautes d’orthographe sont comme autant d’inadvertance quand l’esprit se perd dans un puits sans fond au détriment d’une forme que la “police” nous dicte… 

Ces mails n’auront jamais le goût et l’émotion que nous avons à la réception d’une lettre, à l’attente du facteur chaque matin…Même le collectionneur de timbres se lamente, « la sténographe » s’ennuie et « le manuscrit » n’en n’est plus un… Nos doigts ne savent plus tenir un stylo et nos phalanges se crispent après quelques lignes quand Flaubert écrivait jusqu’à 5h par jour !

Que pensez-vous de tout ça ? Est-ce qu’écrire à quelqu’un vous manque comme à moi ? à qui pouvons-nous écrire et qui puisse nous répondre ? Ne vivons-nous pas aujourd’hui d’une certaine façon, un vide épistolaire ? Si nous perdons le goût d’écrire que restera t-il de nous ?

3 réflexions sur “Correspondance

  1. Bon jour,
    J’aime écrire à la plume et j’écris à la plume mais pas de correspondance… épistolaire… alors, viendra-t-il ce jour ? Et s’il vient, qu’écrire ? Faudra-t-il énumérer une journée ? Développer le pourquoi d’une question philosophique ? Détailler la première heure du jour d’un automne ? écrire sur soi égoïstement ? S’épancher sur le devenir des vignes en Anjou ? S’ouvrir sur des questions personnelles ? etc
    Les écrivains dont vous citez Flaubert écrivaient de longues heures, tel par exemple Balzac qui écrivait une bonne partie de la nuit et du jour et si le vide épistolaire existe, le goût de l’écriture est bien présent même si les supports ont changé.
    Note : pourquoi on ne peut pas commenter les billets suivants et podcasts ?
    Max-Louis

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