
Que la faute est laide et pénible à lire ! Que la faute est grande quand on veut écrire ! Mais surtout, que la faute est culpabilisante quand on vous l’a fait remarquer ! Sclérosante parfois !
Pourtant, des fautes, nous en faisons tous !! Plus ou moins, il est vrai. Certains ont une grande maîtrise de notre orthographe et de notre grammaire pourtant réputées très compliquées aux yeux des étrangers.
Mais pourquoi est-elle si difficile selon vous ??
La langue française est née vers le IXe siècle d’un mélange de Latin, des langues germaniques et de langue francique. Elle se nommait alors le « françois » (prononcé « franswè »). Le Serment de Strasbourg (un texte politique) est le plus ancien texte français que l’on possède. Aujourd’hui, notre langue a subi de nombreuses influences et, bien évidemment, les règles qui lui ont été imposées sont également diverses donc complexes ! Et que dire de son orthographe qui ne répond pas toujours à une logique déterminée. Par exemple, le verbe « appeler » s’écrit avec deux P et un L, mais une fois conjuguer, il s’écrit avec deux P et deux L « j’appelle »…étonnant non ? Pour ceux qui apprennent notre langue, ils doivent aussi apprendre à faire le distinguo entre le féminin et le masculin, « le, la, un, une », tout comme le tutoiement et le vouvoiement ! Et si nous parlions de sa prononciation ?? Entre « un boeuf » et « des boeufs »…
Anne Abeillé (agrégée de lettres et normalienne, médaille d’argent du CNRS et membre du laboratoire de linguistique formelle) et Danièle Godard (Directrice de recherche linguistique), ont mis 20 ans pour éditer « une grande grammaire française du français contemporain », parlé et écrit depuis 1950 (Acte Sud / Imprimerie Nationale). Aidés de 59 linguistes, 32 universités et laboratoires de recherche en langue, ils ont mis au point un ouvrage pharaonique !! La langue change tous les jours et cet ouvrage prend en compte tant à la fois, l’écrit et l’oralité.
Les registres de langue nous obligent aussi à une adaptation constante. On ne parle pas de la même façon dans un restaurant que dans une salle de réunion ! On n’écrit pas de la même façon une lettre d’amour et une lettre administrative, les échanges électroniques ont considérablement impacté nos échanges, même notre langage est différent d’une personne à l’autre…
Oui, notre langue est complexe et nous devons nous attacher à la comprendre et à la transmettre avec humanité, sans fustiger, ni juger…
J’ai connu un jeune homme qui avait de très jolis mots et qui savait écrire de belles histoires. Malheureusement, extrêmement complexé par ses difficultés orthographiques et dyslexiques, ce jeune homme avait renoncé à écrire de peur d’être jugé, moqué. Quelle tristesse ! Il faut écrire quand on en a envie, ne pas avoir peur de ne pas être à la hauteur. Tout le monde ne peut pas être Flaubert ou Proust, et alors ?? Écrire est un exercice pour soi d’abord, pour aller à sa propre rencontre et il ne faut pas craindre de mal écrire, il faut craindre de ne pas écrire du tout !
Je corrige parfois des manuscrits et il m’arrive aussi de faire des erreurs ! (et sans doute aussi dans cet article !). Je m’attache souvent plus au fond qu’à la forme, je l’avoue. Je remercie mes ami(e)s qui soulignent avec bienveillance, parfois mes fautes, comme je peux souligner les leurs. C’est de respect dont l’écriture a besoin, pas de jugement péremptoire ! De grands écrivains se font relire et corriger et pourtant, ils écrivent très bien ! Il faut toujours être très humble avec le maniement de la langue.
Il y a deux ans, alors que j’avais un peu de temps devant moi, je décidai de passer l’examen de la certification Voltaire (https://www.certificat-voltaire.fr), mon score fut honorable, mais, surtout, cet examen me donna l’occasion de rencontrer quelques personnes désireuses d’améliorer leurs performances et de mesurer leur niveau. J’ai fait de jolies rencontres et chacun venait ici conscients de ses erreurs et souhaitant progresser. Nous avons pu parler librement et échanger nos impressions, questions et doutes. Je me souviens d’un Monsieur de 78 ans, qui me disait faire toujours des fautes d’accord avec le verbe avoir, sa vraie bête noire depuis l’enfance !! Nous avons beaucoup ri de nos erreurs communes.
Soyons donc des êtres indulgents vis à vis de la faute. Même si, bien entendu, une langue respectée et une langue comprise, n’oubliez pas que, faute avouée est à moitié pardonnée !
Pour aller plus loin dans cette réflexion, je vous laisse lire cet excellent article du blog « Banana Pancakes » qui reprend ce que j’ai tenté de vous expliquer dans ce petit article.
https://www.bananapancakes.fr/les-fautes-dorthographe/

